[Recueil d'OS][Tous]Larmes

A peine une semaine s’était écoulée depuis son arrivée mais déjà tout le monde la connaissait. On la surnommait la « tueuse » ou la « folle ». Elle était très … étrange. D’autant plus qu’elle avait sympathisé avec Castiel et Lysandre. Ce jour-là, à son arrivée, elle se dirigea vers Castiel et lui annonça :
« C’est pour aujourd’hui.
-Qu’est ce qui est pour aujourd’hui?
-Pff, j’arrête pas de le dire : c’est aujourd’hui que je vais commencer ma série de meurtres. Et je commence par les profs…
-C’est cool de les tuer mais pourquoi aujourd’hui?
-Parce qu’il va neiger et que le lycée sera englouti sous la neige et que personne ne pourra sortir pendant une semaine : c’est le cadre parfait pour mes assassinats!
-Tu délires complètement ! affirma-t-il
-Non, pas du tout : regarde, elle ouvrit son sac et en sortit un couteau aiguisé, et j’en ai d’autres…»

Depuis son arrivée, elle avait toujours affirmée qu’elle allait tous les tuer et commettre un meurtre en série. Tous la croyaient folle. Pourtant à cet instant Castiel commença à se demander si elle n’allait pas passer à l’acte… Il la regarda étonné. Elle aussi le regardait, comme à son habitude, de son regard profond, noir et machiavélique qui donnait l’impression qu’elle était au-dessus de tout, que rien ne l’atteignait. Elle était vêtu d’un bustier noir, d’une mini-jupe noir et portait une paire de bottes noires à talons aiguilles qui montaient jusqu’à ses cuisses. Elles portaient de très nombreuses chaînes notamment sur sa jupe, à son cou et autour de ses poignets. Elle était mince et svelte, pas très grande et avait un visage parfait. Ses lèvres rouges sang, son mascara et son fard à paupière noir ressortaient à merveille sur sa peau pâle et s’accordaient avec ses yeux noirs. Mais le plus curieux dans son apparence, c’était ses cheveux : elle avait deux couettes hautes et avait les cheveux de couleur rose…

Ambre, la voyant en compagnie de son chère « Casti-chou », lui lança, ironiquement :
« Madame la tueuse va aller faire la folle ailleurs et s’acheter ses fringues à la Croix rouge pendant que je reste avec Castiel! »
Ambre l’avait poussée mais elle n’avait pas perdu l’équilibre et garda son sourire arrogant.
«Après les profs, ça sera ton tour ne t’inquiète pas… »
La pauvre Ambre n’avait pas l’habitude que quelqu’un ne tombe pas quand elle le bousculait et que la personne garde toujours un sourire impertinent. Elle voulut lui assener une gifle mais la jeune fille en face lui attrapa le bras, le retourna et balança, avec grâce et magnificence, Ambre sur le sol qui s’écroula comme une crêpe blonde, aplatie et maquillée. Ambre resta au sol et ses suiveuses accoururent pour l’aider. Nathaniel, qui entendit les rires des élèves se moquant de sa sœur, accourut.
« Qu’est ce qui s’est passé ? demanda-t-il, inquiet.
-Elle…elle m’a poussée! couina Ambre.
-Je vais prévenir les professeurs et l’infirmière, dit-il puis il se tourna vers notre tueuse, tu seras puni!
-Mais pourquoi, donc? rétorqua-t-elle sournoisement. Je n’ai fait que me défendre : elle a voulu me pousser puis me gifler…
-C’est vrai, approuva Castiel.
-Ce… ce n’est pas une excuse et tu n’as aucune preuve de ce que tu avances !s’écria-t-il tremblant car il la redoutait…
-Mais tu te trompes, tous les gens présents pourront témoigner… elle s’approchait de lui lentement, tel un serpent.
-Tu… tu lui as fait mal! avança-t-il d’une voix mal assurée.
-Oh, la pauvre… Mais c’est qu’il me fait peur le grand frère qui va me punir! »
Elle avait dit cela sur un ton si moqueur que toute la cour explosa de rire, en particulier Castiel. Elle caressa l’épaule de Nathaniel et le pris par le menton, enfonçant ses ongles dans ses joues. Elle tourna violemment le visage de Nathaniel vers le sien : leurs visages étaient à cinq centimètres l’un de l’autre. Elle ajouta :
« Tu as peur, hein? Ta sœur ne vaut pas la peine que tu la défendes et que tu t’humilies… »

Sur ce, la directrice arriva et la folle lâcha Nathaniel brutalement. Celui-ci garda une marque rouge et profonde dans ses joues.
« Mademoiselle Diana Hartblood ! Qu’avez-vous encore fait ? Vous allez être exclue plusieurs jours comme vous séchez toutes les heures de colle ! elle regarda Ambre et Nathaniel et poursuivi de plus belle. Vous n’avez aucune excuse et, vu le mal que vous avez fait, je ne doute pas que les parents de ses enfants porte plainte ! »
Diana la regarda de son regard dédain montrant sa supériorité. Puis sourit de son sourire satanique et enfonça un couteau dans le coeur de la directrice en lançant un « Crève, la vieille ! » Puis elle tourna les talons, partie en essuyant la goutte de sang sur son vernis à ongle noir et ajouta :
« De toute façon, elle n’est pas pire que les autres vieux croulants ! »
Puis elle se retourna et s’exclama :
« Ah oui ! Evidemment le premier qui parle de ça à un professeur n’aura plus que quelques secondes à vivre ! »
Tous étaient terrorisés mais ils ne disaient rien. Les cours commencèrent mais aucun surveillant ni professeur aperçu le cadavre. Certains élèves tentèrent de prévenir des adultes mais à chaque fois la folle était là et leur lançait un sourire perfide et infernal en montrant son couteau et l’élève se taisait. Dès qu’un prof énervait Diana, elle le tuait en enfonçant son couteau dans leur cœur…

A midi, Castiel et Lysandre vinrent la voir. Elle était assise sur un banc et elle jouait avec son couteau, couvert de sang. Ils s’assirent à côté d’elle.
« Tu es complètement dingue ; tu as tué la moitié des profs et des surveillants !
-Oui, je vous l’avais dit, non? Ce n’est pas mon problème si vous ne m’avez pas cru et que vous m’avez cru folle …
-Mais…
-Ne vous inquiétez pas, vous êtes les derniers sur ma liste… »
Castiel et Lysandre lui jetèrent un regard effaré. Lysandre se leva brusquement et partit en lui disant :
« Je n’aurai jamais cru que tu puisses faire ça… »
Castiel tenta de le retenir, l’appela :
«Reviens. Lysandre ! »
Elle laissa échapper un rire démoniaque :
« Il ne reviendra pas. Il a peur… »
Elle se leva à son tour et le laissa seul, en proie de ses doutes. Il ne savait plus quoi faire. Qui devait-il suivre ? Elle ou lui ? Il ne se comprenait plus. Que lui arrivait-il ? Pourquoi hésitait-il ? Il resta ainsi longtemps puis la rejoignit et lui demanda :
« Mais la tempête commence vers 19 heures. Elle ne bloquera personne à l’intérieur du lycée à part peut-être le petit blondinet de délégué qui dort là-bas… »
Elle eut un sourire mais ne lui répondit pas.
Quelques heures plus tard, la dernière sonnerie retentit. Les élèves eurent un soupir de soulagement. Leur professeur les autorisa à partir mais Diana se leva et lui enfonça son couteau dans le coeur. C’était le dernier adulte du lycée. Les élèves se levèrent, effrayés, et tentèrent de partir. Ils sentaient que ce n’était plus un jeu. Mais, dehors, la tempête s’était levée. Personne ne pouvait sortir. Castiel était surpris. La tempête devait commencer beaucoup plus tard normalement. Il questionna Diana :
« Comment ?
-J’ai reculé toutes les pendules il est en fait 19 heures …
-Mais personne ne t’as vu ! protesta-t-il mais elle n’était plus là…»

On entendit une voix dans les micros, Diana les prévenait :
« Je suis le chasseur et vous les lapins …Fuyez pendant qu’il en est encore temps car maintenant c’est votre tour ! Mais vous ne m’échapperez pas : dans une semaine vous serez tous morts et Sweet Armoris sera votre tombe !!!! Elle ponctua ses paroles d’un rire insupportablement effrayant. »
Tous les élèves se mirent à courir dans tous les sens en poussant des cris d’effroi… Certains se cachant dans les casiers, d’autres dans les WC. Certains tentaient de sortir, d’autre voulaient se suicider. Mais tous se faisaient prendre de vitesse par la tueuse, elle les retrouvait tous, sans exception… Si bien qu’au bout de dix minutes, il n’y avait pas une salle sans cadavre. Des cadavres qui avaient tous une expression d’épouvante… C’était horrible, abominable, sanglant…
Castiel la cherchait mais impossible de la retrouver avec tout le vacarme, de toute façon elle se déplaçait tout le temps. Mais ou est-ce qu’elle était? Où était ce monstre? Mais ce qu’il se demandait vraiment c’était pourquoi il la cherchait…
Rien. Le silence. Le néant. Une chose tellement effrayante. Qui est là sans être vu. Une chose angoissante, sinistre, qui cache une menace, une chose monstrueuse. Le silence. Le plus horrible des doutes.
Neuf. Plus que neuf. Dix. Mais la dixième était un monstre.
Il y avait Castiel, Lysandre, Ambre, Nathaniel, Rosalya, Iris, Violette, Kim et Charlotte. Les autres étaient sans vie. Rosalya était heureuse que Leigh ne soit plus au lycée, lui, au moins, ne mourrait pas…
Il faisait nuit, nuit noire. Mais comment ne serait-ce qu’imaginer dormir avec cette terreur rôdant? Ils restèrent ensemble, tous les neuf au milieu du couloir.
« Il vaut mieux qu’on reste ensemble … proposa Nathaniel
-Je suis d’accord mais si elle arrive, on se sépare…ajouta Lysandre »
Ils approuvèrent tous mais, à peine quelques secondes plus tard un bruit se fit entendre. Le bruit des talons résonnant sur le sol. Un bruit cruel. Impitoyable. La mort devenait une évidence…
« Dispersez-vous! cria Kim. »
Un cri. Une fille. Quand Castiel arriva, ils étaient tous déjà là.
Le couteau était planté dans son ventre. Le sang coulait abondamment.
Neuf. Plus que neuf. Le monstre était mort.
Ses cheveux roses pendaient. Son bustier noir était devenu rouge. Mais son sourire ne s’effaçait pas. Toujours ce sourire si infâme. Ce sourire venant des ténèbres. Ce sourire inhumain. Ce sourire provocant. Ce sourire qui hante vos cauchemars. Ce sourire qui ne s’oublie pas…
Castiel regarda le corps : ce n’était pas possible, elle n’avait pas pu mourir. Elle était inatteignable. Qui avait bien pu la tuer? Ils fouillèrent tout le lycée à la recherche de la personne qui avait commis le meurtre. Mais, après des heures de recherche, ils durent se rendre à l’évidence. Castiel prit un air grave et déclara :
« Il y a un autre tueur parmi nous. C’est l’un de nous.
-Non, c’est impossible ! hurla Ambre.
-Il n’y a pas d’autre explication. Qui est-ce ? »
Tous restèrent silencieux. Castiel déclara alors :
« Très bien. Je pense qu’il est préférable que nous dormions chacun dans une salle différente qu’on fermera à clés. Sinon on laisse trop de chance au tueur de se mettre à l’œuvre.
-Je suis d’accord, pour une fois, dit Nathaniel, allons dans la salle des professeurs. »
Ils récupérèrent les clés de chaque classe. Chacun prit ses clés et ils se séparèrent. Tous essayèrent de dormir mais aucun n’y parvint. La plupart commencèrent à jouer sur leur portable. Vous vous doutez bien qu’ils tentèrent d’appeler l’extérieur mais il n’y avait aucune connexion sous la neige.
Il était sûrement sept heures du matin mais aucun ne s’en préoccupait. Charlotte avait cessé de jouer sur son portable et faisait des tours dans la salle de classe en disant « J’ai peur, j’ai peur, j’ai peur, … ». Elle cherchait une idée pour se décontracter. Elle se dit qu’elle pourrait se maquiller. Mais comment se maquiller sans miroir? Elle quitta donc prudemment sa salle de classe et prit le chemin des toilettes sans rencontrer personne, ce qui la rassura. Quand elle pénétra dans les toilettes, il n’y avait personne.
Sept heure dix, un cri strident retentit. Ils accoururent. Allongée au sol, le cœur transpercé, elle gisait, inerte. Ambre poussa un cri déchirant.
Huit. Plus que huit. L’un d’eux était un tueur.
Ils ne pouvaient faire confiance à personne. Ils se connaissaient tous très bien. Mais l’un d’eux les massacrait tous. Ils gardaient leurs suppositions pour eux car s’ils les dévoilaient à quelqu’un, peut-être cette personne était le nouveau monstre…
Ils mangèrent tous ensemble des restes dans la cafétéria du lycée. Puis passèrent la journée tous ensemble. La nuit venait. Chacun avait peur. Peur de la nuit. Peur de l’un d’eux mais ils ne savaient pas de qui. Ils s’étaient mis d’accord que s’ils entendaient un cri, tout le monde devaient sortir de sa chambre. Mais ils avaient aussi peur d’entendre un cri. Un bruit.
Chacun rentra dans sa salle. Mais au bout de cinq minutes Iris se dit qu’elle devait le lui dire avant de mourir. Elle quitta sa salle calmement. Personne dans les couloirs. Mais…
Nathaniel était en train de se réfléchir à qui pouvait bien être le tueur quand on toqua à sa porte. Devait-il ouvrir? Ou était-ce le tueur? Il entrouvrit légèrement par curiosité et aperçut Iris. Cela ne pouvait pas être elle, elle n’aurait pas eu le courage… A peine eu-t-il ouvert la porte qu’elle se jeta dans ses bras, lui murmura « Je t’aime.» et l’embrassa. Il fut surpris mais se laissa faire et savoura ce baiser. Mais il mit sa main dans son dos. Sa main était pleine de sang. Elle avait poussé son dernier souffle sous ses yeux.
Sept. Plus que sept. L’un d’eux allait tous les tuer.
Nathaniel hurla à la mort. Morte. Elle était morte. Il l’aimait. Il n’avait rien pu faire. Il haïssait son tueur. Il maudissait son tueur.
Ils accoururent tous et constatèrent le crime. Elle avait été salement tuée. Et la nuit venait seulement de commencer.
Chacun s’enferma à double tour dans sa salle et y passèrent la nuit. Personne n’en sortit. La nuit fut calme. Calme, mais angoissante. Angoissante et sinistre. Le lendemain matin tout le monde était là. Et la journée passa comme la précédente. Mais ils n’étaient que sept…
La nuit tomba et, même si il ne voyait pas l’extérieur et que toutes les lumières étaient allumés, il le savait. Une nuit de terreur. Chacun retourna dans sa salle. Chacun avait peur. Mais ils surmontaient leur peur.
Kim voulait à tout prix savoir. Savoir qui les avait tués. Elle voulait frapper celui qui avait fait ça. Elle voulait le punir de les avoir tués. Mais elle n’avait pas le courage de le tuer. Elle voulait au moins savoir. Savoir qui avait fait ça. Pourquoi il avait fait ça. Elle sortit de sa salle et monta au-dessus des casiers et resta cachée. Elle réfléchissait et montait la garde.
Cela pourrait être Ambre pour se venger de Diana mais elle n’avait aucune raison de tuer les autres et surtout Charlotte, son amie. Cela pourrait être Nathaniel pour se venger mais il n’aurait jamais tué Iris. Lysandre, Rosalya, Castiel et Violette n’avait aucune raison de tuer Diana sauf si l’un d’eux voulait arrêter le carnage, mais dans ce cas il n’avait aucune raison de tuer les autres. Alors qui aurait bien pu..? Quelqu’un d’autre qui serait dans le lycée ? Non, ils étaient seuls, à part les dépouilles des autres élèves et des adultes…
Elle ne l’avait pas vu arriver. Sa main pendait des casiers. Il en avait profité. Il ou elle, d’ailleurs…
Elle avait mal. Mal à la main. La douleur était trop intense. Elle ne pouvait plus supporter. Elle l’aperçut. Pourquoi ? Pourquoi cette personne ? Elle perdit connaissance. Elle bascula dans le vide et s’étala par terre. Il l’acheva. Le meurtrier.
Six. Plus que six. Aucun ne serait épargné.
Le lendemain quand ils sortirent tous de leur salle à l’heure prévue, ils découvrirent la victime de cette nuit d’épouvante. Allongée au sol, le corps en morceaux. Violette pleura. Ses cris déchirant vous fendaient le cœur. Elle ne supportait pas ce macabre spectacle.
La journée fut comme les précédentes. Aussi détestable. Aussi ignoble. Elle paraissait interminable. Personne ne parlait. Tous se taisaient. Le silence était pesant. Mais personne ne voulait rompre se silence…
La nuit. Que de mauvais souvenirs. Des souvenirs plus que mauvais… Pourtant, il fallait que le soleil se couche. Il fallait que chacun se retrouve seul.
Elle avait peur. Très peur. Elle ne voulait pas finir comme ça. Elle était lâche, elle le savait. Mais elle avait peur. Peur de la solitude. Peur de la nuit. Peur de la mort. Mais qui n’a jamais eu peur? Mais elle avait vraiment très peur. Elle ne voulait pas être seule. Elle ne voulait pas être avec le tueur. Elle ne voulait pas être abandonnée.
La lumière de sa salle s’éteignit. Elle ne pouvait plus lutter. Plus lutter contre sa peur. Elle était peureuse. Elle ne devait pas sortir. Elle le savait. Mais elle ne voulait pas être seule dans le noir. Elle sortit de sa salle. Elle courut dans les couloirs. Elle hurla :
« Lysandre ! Nathani… » Elle ne finit pas. Elle avait succombé au coup de couteau.
Cinq. Plus que cinq. Personne ne viendrait les sauver.
Tout le monde accourut. Morte. Violette était morte. Ils ne pouvaient plus supporter de voir tous leurs camarades périr. Mais ils n’y pouvaient rien.
La journée fut identique à celle d’avant. La nuit apparut, et la peur de chacun se manifesta. Pourtant, même si elle avait peur de subir le même sort que son amie, elle voulait le voir. Même si elle savait qu’il la détestait, elle voulait le voir. Même si elle savait qu’elle ne devait surtout pas sortir, elle voulait le voir. Elle voulait lui expliquer. Lui expliquer pourquoi elle l’aimait. Lui expliquer son comportement. Elle ne voulait pas, elle devait. Comme sa salle était juste à côté, elle se décida. Il lui ouvrit. Elle sauta dans ses bras et lui dit :
« Je sais, je suis stupide. Mon comportement est stupide. Je passe mon temps à me moquer des autres. Je me prends pour une reine. Je suis d’accord. Mais si je suis comme ça c’est pour me cacher. Je ne sais pas pourquoi. Mais c’est pour cacher la vraie moi. Pour me protéger. Je… je t’…
-C’est une question d’honneur. Je ne t’aime pas, la coupa-t-il. »
Il la poussa dehors et ferma la porte. Des larmes coulèrent sur les joues d’Ambre. Elle fit quelques pas et s’écroula par terre. Elle resta prostrée quelques secondes, poussa un cri suraigu et s’affaissa, sans vie. Un couteau avait été planté dans son cœur par derrière.
Quatre. Plus que quatre. La blonde avait trépassée.
Les autres accoururent. Castiel se sentit coupable de l’avoir mise dehors. Nathaniel poussait des cris de désespoir. Il prit son corps et l’amena à côté de celui d’Iris et les pleura.
« Noooooonnnnnnnnnnn! Iris et maintenant Ambre ! »
Les autres lui dirent de rentrer dans sa salle.
« Viens, rentre dans ta salle sinon tu vas te faire tuer !
-Tuez-moi si vous voulez, je n’en ai rien à faire !!! Je veux juste rester avec elles !!! »
Chacun rentra dans sa salle, laissant Nathaniel seul avec les cadavres dans le couloir.

Le lendemain, en sortant de leur salle, ils découvrirent qu’il n’y avait plus deux cadavres mais trois. Nathaniel gisait un couteau dans le cœur.
Trois. Plus que trois. Les larmes avaient coulées.
Tandis de que Rosalya restait figée de peur, que Castiel regardait le corps avec dégoût, Lysandre réfléchissait. C’était impossible, personne n’avait de raison de faire ça!
C’était sûrement la dernière journée qu’ils passaient ensemble, pourtant aucun ne pris la parole. Aucun n’adressa un sourire à un autre. L’angoisse de cette future nuit les hantait. Rosalya, qui était d’ordinaire gaie au lycée, passa la journée au bord des larmes. Il n’y avait plus rien à manger, ils avaient perdu toute notion du temps, c’était la fin.
Quand ils décidèrent de se séparer pour la nuit, toutes les lumières s’éteignirent. On ne voyait rien. L’obscurité se répandit. Ils ne se voyaient presque plus. Lysandre entendit des bruits de pas. Castiel partait. Soudain, il se tourna vers Rosalya. Celle-ci ne parlait pas, elle tremblait. Il l’observa. Il savait que c’était la dernière fois qu’il pouvait lui parler. Il s’approcha d’elle, la prit dans ses bras et lui murmura :
« Rosa, je t’aime. Je sais que tu aimes Leigh ; c’est pour cela que je ne te l’ai jamais dit mais maintenant ça n’a plus d’importance puisque demain sûrement on ne sera plus là. »
Il sentit les joues de Rosalya se couvrirent de larmes. Il releva son visage et la regarda une dernière fois. Elle quitta ses bras et resta debout devant lui. Il ne l’apercevait presque plus. Il distinguait plus que des formes. Soudain, il sentit Rosalya s’effondrer dans ses bras. Il la serra contre lui. Son dos était trempé. Il la serra encore plus fort. Elle ne réagissait pas. Enfin, il comprit ; des larmes coulèrent sur ses joues.
Deux. Plus que deux. Abandonnés.
Elle était morte. Il l’allongea sur le sol et lui donna un dernier baiser avant de se relever. Castiel arriva. Lysandre lui désigna Rosalya et lui dit :
« Le tueur l’a tué. Vu que ça ne peut pas être nous ; c’est quelqu’un d’autre qui se cache dans le lycée. Nous n’avons pas réussi à le trouver. Restons ensemble comme ça il ne pourra pas nous tuer.
-Tu me déçois Lys. Je pensais que tu étais plus intelligent. Le tueur… c’est moi. »
Castiel lui enfonça le couteau dans le cœur. Lysandre était en train d’agoniser mais il voulait quand même savoir :
« Mais…pourquoi ?
-Parce que je l’aimais. J’aimais Diana. L’un de vous l’avait tué. Mais je ne savais pas qui. Alors j’ai décidé de tous vous tuer pour être sûr de la venger…
-Mais…personne ne l’a tuée…Je…l’ai vu…Elle…s’est…suicidée… »
Ce fut les dernières paroles de Lysandre.
Un. Plus qu’un. Un tueur en liberté.
Castiel resta là, perplexe. Non, c’était impossible! Elle n’aurait jamais fait ça. Elle était forte. Elle était intouchable. Elle n’était pas lâche au point de se tuer!
Pourtant, Lysandre n’avait pas menti. Elle s’était suicidée. Il était arrivé en premier et avait vu le couteau enfoncé dans son ventre. Mais elle l’enfonçait encore d’avantage. Sur le coup, Lysandre n’avait pas compris. C’était pour cela qu’il n’avait rien dit. Mais, à la mort de Nathaniel, il avait compris. Elle le savait. Elle savait qu’ils s’entretueraient. Elle l’avait fait exprès. Elle n’était pas humaine. Elle n’avait aucun sentiment. Aucune pitié. Elle était un monstre. Un monstre sans cœur qui les avait fait mourir dans la peur et l’angoisse d’être tués par un ami.

Morts. Ils étaient tous morts. Castiel arpenta les allées sans âmes où gisaient tous les élèves de l’école. Ils ne savaient plus quoi penser. Il était comme vide. Mais il n’était pas triste de les avoir tués. Il avait fait ce que Diana voulait. Il essayait de remémorer son visage. Son sourire. Son regard. Il n’y arrivait pas. Mais il n’avait pas le courage d’aller voir sa dépouille. De toute façon, il faisait noir. Il s’abandonnait dans des souvenirs qu’il n’arrivait pas à visionner. Il marcha peut-être toute la nuit ainsi, peut-être même toute la journée…
Une semaine s’était écoulé depuis ce fameux jour. On allait venir le chercher. Le sauver. Il serait le seul à vivre. Le seul. Il entendait des bruits au-dessus de lui. Il était rassuré. Tout était fini. Mais la fin n’existe pas. La fin n’est qu’un commencement. Un début.
Mais, au loin, il entendit aussi les bruits des sirènes. Des sirènes des pompiers. Des sirènes de la police. Il avait commis huit meurtres. Il avait peur. Peur de la police. Peur qu’on découvre ce qu’il avait fait. Peur d’être jugé. Peur d’avoir commis l’irréparable. Peur d’aller en prison. Ce que la peur peut être un sentiment dégradant. Il avait honte. Honte de ce qu’il avait fait. Honte de son idiotie. Honte d’avoir peur. Les sirènes se rapprochaient. Il n’en pouvait plus. Il ne voulait pas affronter sa peur. Il ne voulait pas avoir honte. Il voulait rester digne. Il était lâche et peureux mais il ne voulait pas se l’avouer. Il voulait être comme elle. Diana. Inatteignable. Monstrueuse. Malicieuse. Fière. Les sirènes se rapprochaient encore. Sa peur augmentait. Il ne voulait pas finir comme ça. C’était ridicule. Lui, Castiel, en prison? Non!
La lumière se ralluma. Il s’était décidé. Il ne reverrait jamais la lumière du jour. Non, jamais. Il alla à côté du corps de Diana, prit un couteau et se l’enfonça dans le cœur. Il s’écroula lentement par terre. Tout tournait autour de lui. Tout était flou. C’est alors qu’il aperçut une ombre se relevant. Comment était-ce possible ? Tout le monde était mort ! Il la regarda. Elle s’approchait de lui. Elle avait un sourire machiavélique. Un regard noir et profond. Elle était vêtue entièrement de noir. Et avait des cheveux roses.
Non, c’était impossible, elle était morte ! Elle avait un couteau dans le ventre ! Elle s’était suicidée ! Elle souriait. Il était désespéré. Elle enleva le couteau de son propre ventre et le jeta en arrière d’un geste futile comme si ça ne lui faisait rien.
« Ce n’est pas un couteau dans le ventre qui va me tuer ! »
Elle s’approcha de lui et ajouta :
« Merci ! »
Castiel mourut. Tout était fini. Mais ce n’était que le début de la vie du monstre.

Personne. Plus personne. Le lycée était un cimetière. Le monstre était parti.